1
– La lettre authentique
La
lettre authentique correspond
à un texte écrit par une personne réelle : il peut s’agir d’une
lettre privée et personnelle, ou d’une lettre ouverte destinée à être
connue du plus grand nombre.
2
– La lettre ouverte
C’est
un document adressé à une ou plusieurs personnes, destiné à être
lu par un large public par voie de publication. La lettre ouverte
instaure souvent un débat ; elle a une intention polémique.
Ex :
« J’accuse… » d’Emile Zola, paru dans l’Aurore en
1898 à l’occasion de l’affaire Dreyfus.
Ces lettres sont l’occasion de mettre en oeuvre de nombreux procédés
rhétoriques afin d’emporter l’adhésion des lecteurs. (voir les fiches
Convaincre ; Persuader ;
Les figures de style)
3
- La lettre fictive et le roman épistolaire
La
lettre fictive peut
donner l’illusion d’une vraie correspondance, mais l’expéditeur
et le destinataire sont des personnages
imaginaires de roman, de théâtre.
La
lettre fictive est insérée dans une œuvre romanesque, théâtrale, un
recueil de poèmes, etc.
Ex :
dans Pantagruel de Rabelais, on peut lire une lettre de Gargantua
à son fils. Le père encourage son fils, parti étudier à Paris, à bien
travailler. C’est en fait une ‘lettre-prétexte’ pour Rabelais qui y expose ainsi des principes
d'éducation humaniste.
Le
roman épistolaire est constitué d’un ensemble cohérent de lettres
fictives entre différents personnages. Il donne l’illusion d’une vraie
correspondance, mais l’expéditeur et le destinataire direct sont imaginaires.
Le roman épistolaire peut servir à faire dire par des personnages
des vérités que l’auteur véritable ne souhaite pas exprimer frontalement,
pour se garantir de la censure ou cultiver une esthétique littéraire,
un style.
Le
roman épistolaire a connu un grand succès au XVIIIe siècle.
Pour
aller plus loin, consultez la fiche "Le roman épistolaire".
4
- Les caractéristiques de la lettre
La
lettre répond à des contraintes formelles qui renseignent le
lecteur. Ces contraintes peuvent ou non être respectées.
Nom, prénom et adresse de l’expéditeur.
Des indices de la situation d’énonciation inscrivent
le document dans une époque et une situation précises : première et
deuxième personne ; des références au lieu et au temps de l’écriture
de la lettre.
Un
registre d’écriture courant ou soutenu.
La lettre fonctionne souvent à partir d’une lettre précédente,
que l’on appelle « l’avant-texte ». Les correspondances
fournissent ainsi un ensemble de fragments qui, mis bout à bout, forment
un réseau de renvois et d’allusions. Un univers de connivence
se développe entre l’expéditeur et les destinataires.
Toute
correspondance suppose une distance entre les correspondants. Il peut
s’agir :
- d’une
distance physique qui sépare les correspondants
( les deux persans écrivant depuis leurs différents lieux de villégiature
à leurs proches restés à Ispahan dans les Lettres persanes
de Montesquieu ). La distance établie par l’espace et le temps permet
de faire figurer des événements imprévus, des coups de théâtre (lettres
retardées, interceptées, etc.).
-
ou
d’une distance mentale qui témoigne d’une vision, d’une morale
différentes entre l’expéditeur
et son destinataire. Par exemple Les Lettres portugaises de
Guilleragues : une religieuse
s’abîme dans l’expression d’une passion amoureuse qui n’est pas partagée
par son correspondant.
5
- Les objectifs de la lettre
La
lettre remplit plusieurs finalités. Il peut s’agir de :
présenter une requête ou remercier,
se confier : l’expéditeur exprime ses sentiments
et se livre à un exercice d’introspection. La trame psychologique
des correspondants se resserre au fur et à mesure.
Ex :
La correspondance de Flaubert à son ami Maxime du Camp.
livrer des informations, décrire, raconter ou argumenter.
Ex :
Les Lettres de la Princesse Palatine, épouse de Monsieur frère
du roi Louis XIV, écrit à sa famille d’Outre-Rhin et raconte les dessous
de la vie de cour à Versailles.