COURS LOUIS BLANC
 

Le Cours Louis Blanc - Soutien Scolaire

Collège Lycée Classes Prépa - Poitiers / Buxerolles

                 
    accueil notre engagement Nos professeurs notre pédagogienos tarifs
    Fiches  
   
Connaissances
La littérature engagée
     

Littérature engagée, artiste engagé, intellectuel … Depuis la fin du dix-neuvième siècle, de nombreuses personnalités liées à la culture et aux arts participent activement à la vie de la cité en exprimant leurs choix politique et idéologique. Elles soutiennent solidairement des causes qui assurent la promotion des valeurs de liberté et de justice. Elles prennent parti contre toutes les formes d'oppression familiale, politique, religieuse, et plus généralement contre les forces anti-humanistes.
Leurs rôles de leader d'opinion et de citoyen, associés à leur mission culturelle, justifie le statut d' "intellectuel" qu'on leur attribue.

-1- L'affaire Dreyfus ou la figure de l'intellectuel

Contre l'injustice

C'est à partir de l'erreur judiciaire qui conduit le capitaine Alfred Dreyfus au bagne pour haute trahison que l'adjectif " intellectuel " va prendre une autre dimension. Ce mot devient à la fois un nom (" un/une intellectuelle ") et un concept : il désigne un écrivain ou un artiste qui donne son avis sur l'actualité, sur les enjeux politiques et idéologiques de son époque. A cette occasion, Emile Zola adresse une lettre ouverte au président de la république le 13 janvier 1898, sous le titre " J'accuse ! ". Il met ouvertement en cause les institutions et les autorités dans le procès de Dreyfus. Ce procès est en effet monté de toute pièce contre un innocent, condamné au bagne sur l'île du diable. Pour Zola, c'est l'antisémitisme des autorités qui est responsable de cette injustice : on a voulu faire croire que Dreyfus incarnait l'éternelle image du Traître Juif, sacrifiant la France aux intérêts allemands.

Rupture idéologique

Cette affaire dépasse de loin ses protagonistes. A travers ce procès, ce sont deux représentations de la société qui s'affrontent : les hommes de progrès contre l'esprit de conservation.

L'esprit de conservation repose plutôt sur les valeurs d'autorité et de tradition ainsi que sur une méfiance dans la nature de l'homme. Les conservateurs protègent les institutions militaires et religieuses, garantes de l'ordre social et politique. Ils défendent les valeurs de la droite politique : ils prônent le nationalisme, la revanche contre l'Allemagne, le respect des hiérarchies, la supériorité du christianisme catholique sur tout autre religion.
Les " hommes de progrès " se portent davantage sur les valeurs humanistes, l'esprit de tolérance, la foi dans la nature de l'homme. Un certain optimisme les caractérise. Leurs valeurs sont proches de celles de la gauche ; ils favorisent par exemple la création de la Ligue des Droits de l'Homme afin de contrer les attaques antisémites de l'extrémiste de droite Edouard Drumont. Les progressistes sont patriotes, mais ne sont pas nationalistes : certains envisagent à terme une union politique des patries européennes.
C'est avec eux que naît la figure de l'Intellectuel, qui s'implique dans les grands débats sociétaux : l'intellectuel manie la polémique et l'esprit critique contre l'ordre établi. Il utilise tous les moyens à sa disposition pour se faire entendre : tribune (articles, etc.), livres (pamphlets, manifestes, romans, poèmes, théâtre, etc. ), mais aussi photos, films, sculpture, peinture, architecture, pétitions, manifestations, etc.

- 2- Littérature et politique en France au XXe siècle : un humanisme moderne

Tout au long du vingtième siècle, les écrivains vont porter haut les débats et les combats politiques sur la place publique. On peut brièvement rappeler l'engagement littéraire de quelques-uns :

Le pacifisme est par exemple défendu par Romain Rolland avec sa série d'articles réunis sous le titre Au-Dessus De La Mêlée, qui lui vaut le prix Nobel de littérature en 1915 ; il fonde la revue " Europe " en 1920, rencontre Gandhi alors qu'il écrit une vie de Ramakrishna. Puis il se rapproche de la révolution communiste russe (Pour l'internationale de l'esprit). Son œuvre est une tentative de conciliation de plusieurs idéaux : le pacifisme, le socialisme, et le christianisme.

Le parti communiste attire de nombreux écrivains dans les années vingt. Louis Aragon, au départ proche des surréalistes, rejoint le parti et en devient le romancier et le poète " officiel ". D'autres comme André Gide, un moment séduits, s'en détourneront pour dénoncer l'échec de la révolution soviétique (Retour de l'URSS, d' André Gide).

La guerre civile en Espagne à partir de 1936 oppose les républicains espagnols aux nationalistes fascistes du général Franco. Elle conduit les intellectuels français à soutenir la cause des républicains : Georges Bernanos (Les Grands Cimetières sous la lune en 1938), André Malraux (L'Espoir, 1937), Ernest Hemingway ( Pour Qui Sonne le Glas, 1940) s'engagent dans les Brigades internationales pour défendre les valeurs de la démocratie. Jean-Paul Sartre s'inspire du témoignage des combattants espagnols pour écrire Le Mur. Pablo Picasso peint Guernica (1937) après le bombardement aérien du village de Guernica par l'aviation allemande, venue soutenir les fascistes espagnols. Les horreurs franquistes suscitent un profond dégoût.

L'occupation de la France par les Allemands entre 1940 et 1944 va amplifier une rupture déjà perceptible avant-guerre avec les écrivains d'extrême droite qui vont collaborer à la presse antisémite : Robert Brasillach ; Louis-Ferdinand Céline ; Pierre Drieu la Rochelle ; Lucien Rebatet ; Thierry Maulnier.

Après-guerre, plusieurs grandes figures littéraires occupent le devant de la scène idéologique et mediatique jusqu'à la fin des années soixante-dix : Paul Eluard ; Louis Aragon ; Albert Camus ; André Malraux ; Jean-Paul Sartre; Simone de Beauvoir.

Sartre s'intéresse aux fondements de l'action politique avec L'Existentialisme est un humanisme (1945). Il y développe les notions d'engagement, de responsabilité et de liberté. Il développe aussi une réflexion sur l'influence politique de la littérature avec Qu'est-ce que la littérature ? (1948). Sartre prend part jusqu à sa mort aux débats politiques français aux côtés de la gauche : le combat contre le colonialisme, Mai 68, la lutte contre la censure, la solidarité avec les grèves des années 70, la direction du journal " Libération ".
Simone de Beauvoir relance, entre autres sujets, le mouvement de libération de la femme ( Le Deuxième Sexe, 1949 ; La Femme rompue en 1968). Elle sera suivie de nombreuses femmes qui choisissent elles aussi de militer et d'écrire (Monique Wittig ; Gisèle Halimi ; Benoîte Groult ; Julia Kristeva ; Annie Leclerc …).
Albert Camus, mort accidentellement en 1960, s'interroge sur l'homme à travers les contradictions entre son intimité ( le rapport à la solitude, l'angoisse, la mort, le plaisir) et les violences infligées par les hommes entre eux (L'Etranger, 1942 ; L'Homme révolté, 1951 ; La Chute, 1956). Il prône un engagement permanent pour ne pas succomber à l'absurde de la condition humaine : l'angoisse et la mort.

A travers le monde, on rencontre nombre d'écrivains qui s'engagent jusqu'au péril de leur vie. On peut citer par exemple Vaclav Havel (Le pouvoir des sans-pouvoir, 1978) et Milan Kundera (Risibles Amours, 1968), écrivains tchèques qui s'opposent au totalitarisme soviétique. En URSS, Alexandre Soljenitsyne (L'Archipel du goulag 1974-1976) dénonce les camps de concentration soviétiques et doit s'exiler.

-3- L'engagement : un choix responsable de l'écrivain

Un phénomène " transhistorique "

La virulence des combats idéologiques font du XXe siècle le siècle du politique par excellence. C'est aussi à ce moment-là que la notion d' " intellectuel engagé " trouve sa définition la plus achevée.
Mais l'engagement des écrivains n'est pas une particularité du XXe siècle. La préoccupation pour la condition humaine traverse toutes les périodes de l'histoire littéraire, selon des intensités variables.
Par exemple, les penseurs grecs, les écrivains romains ( Cicéron, Sénèque…), les humanistes du XVIe siècle (Montaigne ; Erasme ; Thomas More), les philosophes du XVIIIe siècle poursuivent dans leurs écrits une analyse détaillée du politique ainsi que des moyens de le réformer.
L'engagement est d'abord un choix de l'écrivain, quelle que soit l'époque.

Le Siècle des Lumières

Le XVIIIe siècle constitue en effet un moment où les philosophes mènent une réflexion critique sur la société et la nature de l'homme, mettant en cause les préjugés, l'ignorance, les carcans religieux et absolutistes qui altèrent les institutions. Montesquieu, Diderot, d'Alembert, Voltaire, Beaumarchais sont eux aussi des intellectuels engagés dans un projet de dénonciation et de transformation de la société. Ils privilégient l'exercice de la raison, la liberté d'expression, la séparation du temporel et du spirituel, une constitution préservant les principes démocratiques. Intervenant dans les affaires publiques pour combattre les injustices, ils défendent l'idée que chaque individu est une personne juridique, avec des droits imprescriptibles.

Comme le fera Zola avec l'affaire Dreyfus, Voltaire prend en main la défense d'un innocent, Jean Calas, protestant, accusé à tort d'avoir tué son fils qui se convertissait au catholicisme. C'est à cette occasion qu'il écrit son Traité sur la tolérance (1763).

-4- Problématiques

Voici une série d' enjeux qui nous invite à réfléchir sur les rapports de l'écrivain à son oeuvre :

Un écrivain engagé peut-il s'engager en politique sans impliquer son œuvre littéraire?

Comment une œuvre littéraire peut-elle privilégier une écriture intimiste, et dans le même temps exprimer des choix politiques, sociaux ou idéologiques qui se rapportent à une collectivité ?

Les questions soulevées par la littérature d'idées ne s'inscrivent-t-elles que dans une époque déterminée ou peuvent-elles prétendre à une forme d'intemporalité ?

L' imaginaire romanesque et poétique est-il un obstacle, ou au contraire est-il la condition d'une littérature engagée réussie ?

Une littérature d'idées qui privilégie une argumentation efficace est-elle compatible avec une prise de position littéraire d'avant-garde qui propose un style et des formes nouvelles ?

Toute œuvre n'est-elle pas une forme d'engagement, puisqu'elle fournit une interprétation du monde ? Toute œuvre véhicule avec elle une vision politique, que l'écrivain le veuille ou non.

         
   
accueil
Notre engagement
Nos professeurs
Notre pédagogie
Nos tarifs
       
Accueil Information :
05 49 01 76 60
courslouisblanc@free.fr
     
ressources pédagogiques :
fiches Connaissances
fiches Méthodes
Présent sur Paris Réduction d'impôt de 50 % avec le Chèque Emploi Service Universel CESU