1 - Qu’est-ce que les « Lumières » ?
Progrès,
humanisme et raison
Il
s’agit d’un mouvement intellectuel apparu au XVIIe siècle en Angleterre
avec le philosophe John Locke, ou encore le physicien Isaac Newton.
Les Lumières se diffusent rapidement
partout en Europe au XVIIIe siècle. Les Lumières développent
des valeurs de progrès, d‘humanisme, et la croyance en la puissance
de la Raison contre l’obscurantisme et le fanatisme.
Le
philosophe
La
figure du philosophe anime le Siècle des Lumières : homme
de lettres à l’esprit critique et indépendant, il conteste l’arbitraire
du pouvoir politique en défendant des idées de justice et de liberté.
L’Encyclopédie,
ou le Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers
La
parution de l’Encyclopédie entre 1751 et 1772 constitue en France l’emblème
des Lumières ainsi que le brillant résumé de l’esprit scientifique
et universel qui anime les penseurs : nombreux sont ceux qui ont collaboré
à cette somme de connaissances réunie par Denis Diderot et d’Alembert.
On peut citer parmi eux Voltaire, Jean-Jacques Rousseau, Turgot.
2
- Le contexte économique, politique et scientifique
L’essor
économique et scientifique
Le
mouvement des Lumières s’accompagne d’une croissance économique importante.
A la fin du XVIIIe siècle, la France s’est enrichie.
Les connaissances scientifiques dans le domaine des Arts et Métiers
se sont considérablement accrues. En France, l’activité économique se
développe même si elle demeure dans l’ensemble rurale et traditionnelle.
L’Angleterre connaît sa première révolution agricole et industrielle
avec de nouveaux procédés (métiers à tisser, utilisation du charbon et de la machine
à vapeur).
Le
frein politique
A
la différence de l’Angleterre qui établit une monarchie constitutionnelle
dès la fin du XVIIe siècle, les grands pays de l’Europe continentale
(France, Prusse, Russie, Autriche, Espagne) évoluent sous le principe de la monarchie absolue
de droit divin. Il y a là une tension entre le désir de réforme des
penseurs des Lumières et le conservatisme politique du pouvoir en place.
Les
philosophes des Lumières en France combattent la censure et les excès
du pouvoir royal, au risque de se retrouver pour un temps à la Bastille.
Par ailleurs, ils n’hésitent pas à fonder une relation privilégiée avec
les monarques étrangers pour essayer de leur faire partager leurs idéaux
progressistes. Voltaire entretiendra des rapports étroits avec le roi
Frédéric II de Prusse, Diderot avec Catherine de russie. Mais les monarques
ne renonceront jamais à leur prérogative autocratique.
3
- Lumière et littérature
Les
penseurs du XVIIIe siècle vont s’emparer des formes littéraires les
plus adéquates pour convaincre de la justesse de leur opinion, en n’oubliant
jamais que convaincre, c’est divertir le lecteur à l’aide d’une œuvre
plaisante.
C’est
pourquoi ils privilégient des textes courts associant une esthétique
de la surprise, de l’inattendu, sous la forme de pamphlets, d’articles
de dictionnaires, de discours, de lettres, de contes philosophiques
ou de pièces de théâtre. Le style est souvent polémique voire ironique,
utilisant au besoin le registre comique et la dérision.
Les
dictionnaires
Certains
articles du Dictionnaire philosophique de Voltaire prennent la
forme de dialogues de théâtre. Voltaire publie aussi un Dictionnaire
philosophique portatif, présentant des articles à la fois vivants,
polémiques et caustiques.
Les
lettres
Le
genre épistolaire et le roman épistolaire sont très en vogue :
les lettres permettent de mimer un dialogue à distance entre plusieurs
personnages, en multipliant les points de vue, les réflexions.
Les
Lettres persanes (1721) de Montesquieu constituent la
critique indirecte du pouvoir arbitraire du roi Louis XIV en la transposant
aux abus politiques de la tyrannie ottomane.
Les
Liaisons dangereuses (1782) de Choderlos de Laclos sont fondées
sur un échange de lettres entre Valmont le séducteur et
la jalouse marquise de Merteuil qui engage cependant son amant
à séduire d’autres femmes. Ces lettres dévoilent la noirceur destructrice
de la psychologie amoureuse en proie à des enjeux de possession et de
pouvoir entre les deux correspondants.
Le
théâtre
Marivaux
(L’Ile des esclaves, Le Jeu de l’amour et du hasard) et Beaumarchais
(Le Barbier de Séville, Le Mariage de figaro, La Mère coupable)
sont les deux dramaturges qui marquent l’évolution du théâtre au 18è
siècle : les valets y deviennent les égaux de leurs maîtres, préfigurant
la situation révolutionnaire de contestation contre l’aristocratie et
la monarchie.
Le
conte philosophique
C’est
une forme qu’affectionne Voltaire, avec Zadig ou Micromégas.
Le conte philosophique est un apologue qui
s’articule autour d’une problématique philosophique, religieuse, scientifique,
sous couvert d’une fable ou d’une histoire merveilleuse plaisante à
lire.
4
- Les valeurs défendues par les Lumières
La
raison
Les
philosophes croient en la rationalité du monde contre l’obscurantisme,
la superstition et l’ignorance.
Les
libertés
Les
philosophes du XVIIIe siècle luttent contre les abus de l’autorité politique
absolutiste, contre l’intolérance religieuse, contre les inégalités
et l’injustice (les privilèges, l’esclavage, la soumission de la femme).
Le
progrès
Pour
les philosophes des Lumières, le monde est perfectible, de telle sorte
qu’ils travaillent à penser un monde meilleur : ils espèrent l’avènement
d’un monarque éclairé et pacifique.
On
rencontre aussi dans leurs ouvrages des Utopies (la société des
Troglodytes dans les Lettres persanes de Montesquieu), ainsi
que l’éloge de sociétés primitives (L’Ingénu de Voltaire) avec
pour corollaire le mythe du bon sauvage.